A midi, une salve de la batterie de la Tour d'Ordre annonce que l'Empereur quitte sa baraque. Il est accompagné de son frère Joseph et entouré des ministres, des maréchaux et d'une nombreuse suite. Napoléon porte le petit uniforme des chasseurs à cheval, c'est-à-dire l'habit vert au passepoil amarante, la culotte et le gilet blanc, avec le petit chapeau déjà légendaire.
Les tambours battent aux champs lorsque Sa Majesté arrive et gagne son trône. Une seconde salve marque le début de la cérémonie et rétablit le silence.
Le comte de Lacépède, Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, s'avance en compagnie du comte de Ségur, Grand Maître des cérémonies, et prononce une allocution, que suivra un immense roulement de tambours.
L' Empereur se lève. Sur un geste de Berthier, les 120.000 hommes présentent les armes. Napoléon donne lecture du serment des légionnaires :
**"Commandants, officiers, légionnaires, citoyens et soldats, vous jurez sur votre honneur de vous dévouer au service de l'Empire et à la conservation de son territoire dans son intégrité, à la défense de l'Empereur, des lois de la République et des propriétés qu'elles ont consacrées, de combattre par tous les moyens que la justice, la raison et les lois autorisent, toute entreprise qui tendrait à rétablir le régime féodal. Vous jurez de concourir de tout votre pouvoir au maintien de la liberté et de l'égalité, bases premières de nos constitutions". **
L' Empereur ajoute : "Vous le jurez" ; à quoi cent vingt mille hommes répondent d'un seul élan "nous le jurons".
A ce moment, les musiques, sous la direction du compositeur Mehul, exécutent "le Chant du départ" et d'autres symphonies guerrières, tandis que tonnent les batteries et que sonnent les cloches de la ville, auxquels répondent en écho les tirs de la flotte anglaise.